Vous trouverez dans Absences un lieu, peut-être, pour épancher vos larmes, un sanctuaire pour abriter vos maux de l’âme et peut-être, les y laisser. Absences vous permettra, en tous les cas je l’espère, de transformer vos vieilles défaites, d’autoriser à vos désirs de renouer avec le soleil. Absences est une tentative de consolation, ou du moins, l’assurance qu’il y a, dans chaque solitude profonde, la possibilité d’une présence.

Absences est façonné des récits croisés, polyphoniques, tressés, de personnages qui n’ont, en apparence, rien en commun. Mais ils partagent le poids pesant de ces absences, celles qui fragilisent, blessent, voire détruisent. Ces absences universelles dans le profond du cœur de chaque être humain.e. Comment peuvent-elles se rencontrer, se partager ?

Absences interroge les thèmes du deuil et de la perte, le sentiment d’injustice. Ce roman explore les questions identitaires, les origines et la transmission. Il met en avant les modèles, les tuteur.rice.s, cette solidarité et cet amour que les humain.e.s savent s’apporter conjointement pour (re)vivre. Absences est un sacre de la vie, dans ses paradoxes et ses manques, ses violences parfois, et à travers toute la beauté du monde et du vivant.
J’ai écrit Absences pour (re)garder l’essentiel et ainsi nous rappeler à lui, à chaque instant. Pour d’abord et avant tout, ne pas oublier de respirer. Pour chacune de nos solitudes. Pour que nous puissions envisager la paix, là où nous en sommes dans notre vie.

Extrait du livre

Charline s’est demandé comment elle allait rester en vie. Vraiment, elle s’en souvient. C’est exactement ce qu’elle a pensé lorsqu’ils ont refermé le cercueil d’Alice et qu’elle a perdu à tout jamais la joie de voir son visage. Un moment, parmi tous les autres difficiles, pour lequel aucune mise en mots n’est possible. Jusqu’à ce qu’ils soient tous réunis dehors après la crémation, c’est cette pensée qui l’assaillait : comment la vie pouvait-elle continuer ?

Et puis, il s’est mis à pleuvoir à grandes eaux. Et alors que tout le monde cherchait à s’abriter, elle l’a vu. Son parapluie vert sous la pluie. Lenny se déplaçait avec cette grenouille imperméable au-dessus de la tête. Il pataugeait dans les flaques avec ses bottes de pluie bleu- marine et son ciré rouge. Il riait aux éclats comme si, aux portes de son cœur, rien ne pouvait l’atteindre. Charline comprit à ce moment-là. Elle comprit qu’elle vivrait pour entendre encore le rire de Lenny fendre l’air, pour ses joues rosies par la fraîcheur du dehors. Pour son ciré rouge. Son parapluie vert sous la pluie. Pour tout ce que Lenny montrait de la vie à ce moment précis : sa spontanéité, sa chaleur, sa tendresse. Pour sa beauté. Pour tout ce qui fait l’essence de la vie, c’est ce qu’Alice aurait dit si elle avait été là, près d’eux.

Tu restes là malgré tout. Dans les albums photos, sur la photo dans le cadre au salon. J’ai besoin que tu restes là, dans quelques endroits choisis pour ne pas t’oublier. Même si je ne pourrais jamais t’oublier.

Charline caresse doucement le col de sa chienne. Elle finit les deux gorgées de sa tisane dont elle savoure la chaleur qu’elle sent se diffuser dans son corps. Ses yeux brillent un peu. Ça prend du temps de dire au revoir.