Ce thriller psychologique se déroule dans le Chicago des années 80. L’intrigue explore les tensions raciales et la manière dont les institutions ferment les yeux sur la violence qui touche les communautés marginalisées. Mais plus qu’une simple enquête, l’histoire de Nathan Gray est celle d’un homme marqué par la perte, l’alcoolisme et les attentes familiales écrasantes, se retrouvant ainsi confronté à une conspiration bien plus vaste qu’il ne l’imaginait, où la justice semble toujours hors de portée. Un thriller intense, où chaque décision le rapproche un peu plus de la liberté, mais à quel prix ?

Ce roman, inspiré par des notions abstraites telles que la Liberté et la conscience morale, s’adresse à un public adulte en quête d’une expérience littéraire émotionnelle et percutante. Bien que l’intrigue commence par une affaire de meurtres apparemment ordinaire, les événements prennent une tournure aussi drastique qu’inattendue, entraînant le personnage – et les lecteurs – dans une profonde remise en question qui les pousse à reconsidérer chaque certitude.

Extrait de Black Belt par Anicia Ndengue

Je me redressai, plissant les yeux avec l’espoir de repérer l’interrupteur malgré l’obscurité de la pièce. J’appelai ma mère avec insistance. J’étais paniqué. Pourquoi le sol était-il si mouillé  ? Pourquoi ne trouvai-je pas ce foutu interrupteur  ? Pourquoi ma mère ne répondait-elle pas  ? Mes sens semblaient confus alors que je peinais à mettre un pied devant l’autre. Finalement, arrivé au centre de la pièce, je trébuchai. Mes genoux percutèrent brutalement le parquet en bois tandis que l’envie de pleurer me prit soudainement.
La lumière s’enclencha sans que j’aie à trouver l’interrupteur. «  Maman  !  » pensai-je. Je me retournai alors pour faire face à ma mère. Elle était là ; couverte de sang, étendue sur le sol, sans que le moindre bruit s’échappe de sa bouche. Je regardai autour de moi, et manquai de vomir à la vue de tout le sang qui recouvrait le parquet. J’observai mes vêtements ainsi que mes mains tremblantes, et je fus épouvanté de les découvrir aussi rouges, aussi visqueuses, aussi sales.
Je ne parvins pas à me retourner  ; paralysé par la peur, pétrifié à l’idée de lui faire face à nouveau. Je fermais les yeux avec l’espoir de ne plus jamais les rouvrir. Je ne voulais pas affronter cette réalité bien trop sordide. Je ne voulais pas croiser le regard vitreux de ma mère, car ses yeux n’avaient jamais été aussi verts. Aussi pénétrants. Toutefois, mon père ne me laissa pas le choix. Je sentis sa main empoigner violemment mes cheveux, et me trainer jusque devant son cadavre. L’odeur de son sang m’enveloppa d’un dégout à peine contenu, et la vision de sa poitrine martelée de coups de couteau me fit l’effet d’une souffrance indescriptible.
Je n’entendais rien de ce qu’il disait, mon oreille sifflant de nouveau. Mes yeux, quant à eux, demeuraient ouverts. Ils analysaient chaque détail du corps mutilé de ma défunte mère. Son ventre incisé duquel s’échappaient plusieurs de ses organes. Sa bouche ensanglantée : il semblerait qu’elle se soit étouffée avec les quelques dents qui lui manquaient. Je pouvais les deviner ; elles pressaient contre la paroi de sa gorge. 
Les trainées de sang sur lesquelles j’avais marché m’indiquaient qu’elle avait été tirée hors du lit. Onze, douze, à moins que ce ne soit treize. Son cœur, autrefois gonflé d’amour, avait été poignardé sans relâche. Si bien que son sang n’avait pas cessé de couler, ruisselant paisiblement entre les fêlures du parquet.

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• Utopia, Éditions Spinelle
  (Roman)