La première partie de mon roman est sans aucun doute inspirée de ma jeunesse chaotique. Au travers de la fiction, j’ai glissé quelques moments tragiques et quelques moments heureux qui ont jalonné ma vie. L’intrigue elle, est heureusement tout droit sortie de mon imagination. Cette histoire est dans ma tête depuis déjà quelque temps, alors m’installer devant une page blanche, et commencer à frapper les premiers mots a été un moment merveilleux. Malgré les doutes, les hésitations et la peur d’être totalement à côté de la plaque, écrire ce roman a été une belle aventure.

Extrait de L’Heure bleue de Nina Maréchal

Je n’ai rien calculé, rien pensé. Mon corps a réagi tout seul. J’ai bondi sur mes pieds ; propulsée par l’énergie du désespoir, j’ai couru jusqu’à la porte. Tourner la poignée, ouvrir la porte, courir le long du couloir poursuivie par ses hurlements de rage. Mes mains ensanglantées sur les murs, la porte vitrée de la véranda que je débloque, que je coulisse en gestes calmes mais le cœur au bord de l’implosion. Tout ça me semble irréel, comme si je regardais un film où je ne serais qu’une spectatrice détachée. Le soleil, l’air frais sur mon visage en feu, le piaillement des oiseaux, cette vie dehors me gonfle de forces nouvelles. Je titube, tombe, me relève. Elle est juste derrière moi, tout près. Je n’ai pas la force de me retourner mais je l’entends souffler comme un animal enragé dans mon dos. Mes mains en avant comme pour gagner une longueur et arriver plus vite sur la route, je puise mes dernières forces dans les jappements joyeux d’un chien qui doit batifoler avec son maître dans le parc où moi aussi, dans une autre vie j’emmenais Oscar tout heureux de pouvoir faire le fou.
Il me paraît loin ce bout de verdure, beaucoup trop loin. Avant, il y a la route. L’espoir qu’une voiture ou un passant se trouve sur cette route est maigre. La sueur me coule dans les yeux, floute ma vision. L’air a des difficultés à remplir mes poumons. La douleur qui irradie mon ventre me courbe en deux comme un vieillard agonisant. Je prie pour que mes jambes tiennent, qu’elles continuent, fidèles, à travailler toutes seules. Je prie que la route arrive vite, qu’un promeneur tende les bras pour me sauver. Le souffle du fauve derrière moi est plus proche maintenant. Mes jambes accélèrent toutes seules. Comme des petits soldats courageux, elles ignorent la douleur et l’épuisement. Puis soudain ! Elle est là ! Baignée de soleil, elle est magnifique, irréelle comme dans un rêve. La route, la liberté.

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