Deux cœurs solitaires, cabossés par la vie, se rencontrent à Biarritz en juillet 1947. Grâce à Jean, Claire découvre sa médiumnité et, par quel tour de passe-passe, sa filiation n’est pas celle qu’elle croyait. Grâce à Claire, Jean lutte contre son alcoolisme et fait le deuil de son épouse. Tour à tour thérapeutes et patients, chacun avec ses outils et capacités, cette quête d’eux-mêmes raffermit leurs sentiments en dépit de leurs passés, traumatismes, doutes, et révoltes.

Bien qu’écrit sous la forme d’une fiction accessible à toutes et à tous, La digue de Gamaritz est le condensé d’expériences intimes, le témoignage d’un vécu en clairvoyance, l’expression d’une pensée lucide, une pensée-prière, une pensée-révolte. Ce livre montre qu’il est possible d’appréhender l’au-delà, voire l’invisible, afin de se connaître soi-même, et de devenir soi une fois débarrassé des clivages qui nous polluent. En cela, la clairvoyance est un outil aussi efficace qu’une thérapie, notamment lorsqu’il s’agit d’un passé transgénérationnel, appelé « secret de famille ».

Après avoir subi les ronflements de sa voisine, avoir été ballottée sur sa couchette, Claire était arrivée à Biarritz à l’aube. Grâce à la cure thermale, qu’elle s’apprêtait à faire durant un temps indéterminé, sa nature atypique et ses comportements fantasques ne seraient plus un frein à son rétablissement. Ce n’était qu’un prétexte invoqué par sa mère pour l’éloigner. Claire ne l’ignorait pas. Néanmoins, elle avait accédé à la requête de Pauline.
La jeune femme ne supportait plus leurs relations conflictuelles, ni l’omniprésence de son amant, cet Émile qu’elle détestait depuis son enfance. Elle n’aimait que son père. Mais Henri était décédé six mois plus tôt, et elle refusait d’en faire le deuil. Une fois majeure, elle serait délivrée des dictas et mensonges familiaux. Loin de leur hypocrisie, leur malveillance, sa vie prendrait un autre sens et sa rancœur disparaîtrait. Du moins l’espérait-elle…
Les magasins toujours fermés, les rues encore désertes, Claire avait longé la plage pour tuer le temps. Elle avait flâné sur la digue de Gamaritz avant de s’asseoir sur l’un de ses bancs, d’où elle avait contemplé l’océan en attendant l’heure de son rendez-vous. Claire y serait encore si une envie pressante ne l’avait pas contrainte à changer de stratégie.
Le seul estaminet, malheureusement ouvert à cette heure-ci, était un minable bistrot dont l’intérieur n’était pas engageant. Sur le point de renoncer, sa vessie avait eu raison de sa répugnance. À contrecœur, elle avait poussé la porte vitrée en ignorant que son destin en serait chamboulé à quelques mois de sa vingt et unième année…