Ce roman met en scène deux artistes qui vont se rencontrer dans la ville de Grasse, capitale mondiale des parfums. On prend plaisir à découvrir plusieurs lieux dont la description est très réaliste et évocatrice de ces endroits emblématiques. Antonio, plutôt réservé et mystérieux au premier abord, est un homme d’affaires italien et Violette, pleine d’entrain et toujours partante, collectionne parfois les situations cocasses et se dévoile progressivement comme professeur de théâtre. Nos deux héros sont aussi de fins connaisseurs en musique et pianistes à leurs heures perdues… Ensemble, ils vont réussir à dévoiler le mystère Bounine qui relève de la correspondance épistolaire avec le célèbre Tchekhov. Après de multiples rebondissements, entre action et humour, nos deux héros auront plaisir à se retrouver sur scène pour rendre hommage à Ivan Bounine dont le rôle ne se délimite pas à celui de grand auteur mais celui d’un écrivain Prix Nobel bien plus exceptionnel encore : une part cachée de cet homme altruiste, humaniste, fidèle à ses convictions pendant la Seconde Guerre mondiale qu’il est intéressant de découvrir, en lien avec son autobiographie. Ce roman s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes qui apprécieront de découvrir une comédie sentimentale sur fond d’intrigue policière.

– « Bonjour monsieur ! Bienvenue… Puis-je vous aider ? » demanda Violette de son plus beau sourire affable. Elle essayait de donner la meilleure impression qui soit tout en se remémorant les promesses laissées à Andrea avant son départ.
— Merci Mademoiselle, je cherche un parfum assez particulier à la fleur d’oranger… Peut-être pourriez-vous me renseigner ? »
Leurs regards se croisèrent de façon fugace mais Violette ressentit une sensation de déjà-vu. Ces yeux noir vif la déstabilisèrent. Reprenant ses esprits, elle dit :
— Eh bien, nous avons plusieurs modèles, effectivement. Voici quelques parfums où la fleur d’oranger est plus ou moins dominante… Ce sont des senteurs fraîches, légères et gourmandes. Et puis je peux vous proposer aussi cette eau de toilette également à base de mandarine et de basilic. Une association originale très réussie !
— Je vous remercie mais ce n’est pas celui que je cherche. En fait, il s’agit d’un modèle qui existait déjà il y a quelques années et que j’aurais aimé offrir en guise de souvenir. Un mélange à la fois floral, hespéridé et musqué… Il me semble d’ailleurs qu’il portait le nom de Jardin des Hespérides, dit-il tout en sortant un papier de la poche de sa veste sur lequel était notée la référence. La boîte qui le contenait était blanche et dorée ».

« Après avoir commandé un café, il observa devant lui, le va et vient continu, le flot ininterrompu de passants se mêlant dans la foule anonyme… Il pensa qu’il lui fallait aussi contacter son éditeur au sujet des écrits d’Ivan Bounine qu’il avait découverts. Il eut l’idée d’envoyer un mail à ce sujet afin de prévenir de son passage dans quelques jours à la capitale mais remit cette idée à plus tard. Il s’apprêtait à partir lorsqu’une dispute éclata non loin de lui. Il détourna le regard. Un couple semblait se déchirer par des propos véhéments tenus en italien et le ton de l’altercation monta. Au même moment, une main se posa alors sur son épaule et une voix inconnue lui susurra à l’oreille : “— Suivez-nous Libermann, sans vous faire remarquer.”. Un homme coiffé d’un borsalino et vêtu d’un costume gris clair passa devant lui tandis qu’un second, vêtu de noir et arborant des lunettes de soleil assorties, lui fit signe d’avancer. Personne ne se rendit compte de la venue de ces deux inconnus, le couple, plus loin, assurait le spectacle. Ils quittèrent ainsi le café tous les trois d’un pas mesuré et se dirigèrent vers les arcades du front de mer. Ils traversèrent le Quai des États-Unis et allèrent vers le quai des Docks où une voiture noire de la gamme Mercedes les attendait. Le chauffeur privé leur ouvrit la porte, ils s’y engouffrèrent. »