La milonga idéale raconte le choc de la découverte du Tango par un homme rationnel et très éloigné de ce monde. Lors de son enquête sur la disparition d’une danseuse, il découvre les lieux de danse appelés Milongas, comme la danse du même nom. Son schéma de pensée est celui d’un séducteur qui ne voit que la surface des corps dans une sensualité fantasmée. Par capillarité, au contact d’autres danseuses et en prenant des cours, il va entrevoir la richesse émotionnelle du tango. La rencontre avec la danseuse disparue va le transformer à jamais.

La Milonga Idéale est, pour notre personnage, un voyage de transformation dans plusieurs pays dont l’Argentine, et assurément un voyage intérieur avec la création de nouvelles perspectives de vie. Pour l’auteur aussi ce livre a eu un impact inattendu (ou secrètement espéré ?) : lorsque Charlie découvre la première milonga, rien ne présume que l’auteur ouvrira quelques mois plus tard une salle de danse nommée La milonga idéale et située à Montreuil depuis 2022.

Extrait

« Le vendredi c‘est la Milonga idéale » à Montreuil, avait dit Montague.

Charlie prend le temps d’observer les lieux. Des tentures rouges sont fixées sur les murs peints en noir de la salle. Le plafond est haut d’environ cinq mètres. Des poutres métalliques sont apparentes ainsi que de gros tuyaux d‘une soufflerie pour le chauffage au gaz butane ; l’éclairage, une lumière chaude, tamisée dans les rouges, est diffusée par des spots halogènes placés sur des rampes et qui dégagent une forte chaleur.

Des couples discutent au bar ou attablés, en buvant un verre de vin rouge ou une bière. Des bouteilles de champagne vides qui contiennent des guirlandes de leds scintillantes sont disposées sur les tables. Une odeur de cuisine aussi lui arrive aux narines, une sorte de bœuf et d’oignons. À une table, une femme mange un petit chausson, plat inconnu, mais qui lui semble plutôt appétissant. Sur la piste, il compte une vingtaine de couples qui tangue en cœur. Le parquet est de qualité moyenne, mais semble être massif et ancien. Ainsi il a déjà pu entendre un danseur sortir de piste en disant : « Ça colle un peu ce soir ». Vu d’ensemble, le bal est comme un organisme vivant géant qui se meut et change en permanence en accompagnant une musique lente que Charlie ne connaît pas.

On entend les bruits de chaussures des couples qui marchent en marquant le tempo, le groupe est très harmonieux, comme réglé en cadence et en cœur. Charlie est incapable de reconnaître les instruments, sauf le piano scandé qui bat la mesure. Il est fasciné par ces danseuses aux yeux fermés qui sont comme dans une transe. C’est doux et fort à la fois, il est troublé et déstabilisé. C’est rare de sa part.
Il se dit, « C’est quand même le rendez-vous des belles femmes ici ! ».
Il constate que les hommes sont moins bien mis, il y en a certains en jean, un des rares jeunes présents, la trentaine environ, est en tee-shirt. Un danseur est en costume et avec une femme très élégante, ils se détachent clairement des autres, l’homme fait sud-américain. Ses boutons de manchette brillent au loin. Il a une cravate noire et une montre dorée massive.