Insomnies n’est pas un recueil de nouvelles comme les autres : c’est une expérience que j’ai voulue sensorielle et émotionnelle pour le lecteur. Inspiré d’une riche tradition littéraire, le recueil en propose une diversité de genres, allant du réalisme introspectif à des touches de surréalisme, en passant par le théâtre, le roman policier, et parfois même des incursions dans la poésie narrative. Chaque nouvelle se distingue par son style unique, mais toutes sont unies par un fil conducteur : l’exploration des états d’âme nocturnes.

Les thèmes abordés sont vastes et profonds : l’angoisse existentielle, les souvenirs du passé, les rêves inachevés, la solitude, l’excitation, la nostalgie, l’amour, l’attente et la quête de sens. Chaque récit plonge dans des réflexions à la fois personnelles et universelles, révélant des vérités souvent cachées dans l’obscurité de la nuit.

Le public cible est aussi varié que les causes de nos nuits blanches. Il inclut ceux qui sont attirés par la littérature introspective, les récits courts et poignants, les émotions qu’elles soient faites de sourires ou de larmes, et ceux qui cherchent à comprendre ou à retrouver des échos de leurs propres nuits sans sommeil. Ces nouvelles invitent à un voyage intérieur, où l’on se retrouve face à soi-même, confronté à ses propres insomnies et aux pensées qui surgissent quand le monde s’endort.

Extrait d’Insomnies d’Etienne Lwamba

La rue était bondée. Elle vivait au rythme du klaxon des voitures. Le bal des passants traversant au hasard battait son plein. Les phares éblouissants concurrençaient les stroboscopes des feux tricolores. Il pleuvait. Il pleuvait toujours ici de toute manière. Les gens dégoulinaient : d’alcool ou de pluie, qui pouvait le dire  ? Les mecs faisaient la queue devant le dernier kebab ouvert à cette heure : tout ce gras pour éponger leurs excès, ils le regretteraient demain. Les filles, elles, regrettaient déjà : ces talons étaient de trop et les collants manquaient cruellement à cette heure de la nuit. Il faisait froid. Il faisait toujours froid ici. La route jusqu’à la maison serait longue.

Au milieu de la folie ambiante, elle passait presque inaperçue. Presque seulement : qu’on l’aime ou pas, Cindy ne laissait jamais indifférent. Ses talons de dix centimètres la préservaient de l’eau glacée des flaques à ses pieds. Une femme distinguée comme elle, ne pouvait s’abaisser aux rangs d’une plèbe à chaussures plates. Sa paire de collants couleur chair cachait des poils aux pattes ne demandant qu’à être épilés. L’hiver était long ici, mieux valait sortir couverte. Avec quelques résilles par-dessus, dans la fumée des cigarettes et au milieu des lumières tamisées, qui pourrait bien faire la différence ?