Tout a commencé il y a plus de vingt ans, par une nuit sombre, le long d’une autoroute. Alors que je filais à toute allure, je fus à la hauteur du Luc-en-Provence survolé à basse altitude par un hélicoptère gros porteur. La nuit et la solitude de la route, propices à la réflexion, m’ont permis d’échafauder le début d’un script. Les vingt années qui ont suivi n’ont hélas rien apporté à cet embryon de roman. La COVID et son repos forcé m’ont permis de me retrouver face à moi-même, et les idées certainement enfouies au plus profond de moi-même ont surgi au fur et à mesure. Elles ont donné vie à un roman, sur un fond d’énigme policière, mêlant également histoire d’amour, aventures et rebondissements multiples. L’intrigue ne se démêle que dans les dernières pages.

Jacques reprit sa descente, palmant régulièrement à vitesse modérée. Prochaine étape cinquante mètres. Deux plongeurs chevronnés l’attendaient arrimés à une plateforme munie de puissants projecteurs illuminant le fond et le point d’arrivée d’aujourd’hui, à moins quatre-vingt-dix mètres.
Tout en descendant, même la tête en bas, Jacques continuait à observer. Même, s’il en était éloigné de plus d’une dizaine de mètres, la paroi rocheuse qu’il longeait n’avait de cesse d’attirer son regard.
La lumière du soleil ne transparaissait plus vraiment à cette profondeur et il commençait à n’avoir plus qu’une vision crépusculaire de son environnement. Il savait que la paroi rocheuse était remplie de poissons multicolores, même s’il ne les distinguait pas correctement à cette distance.
Cependant, il connaissait leur présence pour avoir parcouru cette partie de la presqu’île de nombreuses fois lors de ses plongées détentes en apnée. Vers 30 mètres, la plateforme arrimée plus bas commençait à lui renvoyer une luminosité très particulière. L’éclairage par le dessous projetait des ombres vers la surface, renvoyant des images tout à fait surréalistes. Tout à coup, son regard fut attiré par une forme inhabituelle dans ce décor. Malgré la distance et l’image inversée par sa position tête en bas, il crut reconnaitre trois, quatre mètres plus bas, une forme humaine accrochée à la paroi. Il continua sa descente, contrôlant toujours son rythme cardiaque, pour se retrouver à la même profondeur que la forme. Là, il arrêta net de palmer et se retourna. Oui ! C’était bien un homme coincé contre la paroi, mais qu’il ne distinguait pas très bien à cause du mauvais éclairage et de l’eau pas tout à fait translucide aujourd’hui.