Un vieil homme raconte des histoires terrifiantes à un couple de touristes dans une vieille auberge à proximité d’un village fantôme. À lire en gardant à l’esprit que ce ne sont que des histoires… ou pas. La fiction se mêle à la réalité pour le plus grand plaisir du lecteur dans ce roman captivant.

Extrait de  Juste quelques mo(r)ts  par Arnaud Bascou

Sur une route étroite de campagne, le vieux Brodi marche lentement dans l’obscurité de la nuit. Il s’arrête et regarde la silhouette noire du château de Périllos, perché sur son rocher, puis reprend sa route. Il voit les phares d’une voiture au loin qui se dirige vers lui.
« Tiens, Bernard va avoir des clients ce soir. »
Quand la voiture est à sa hauteur, il tend le pouce. La voiture le dépasse, puis s’arrête. Un homme d’une quarantaine d’années en sort.
« Eh bien, mon brave, j’ai failli ne pas vous voir dans la nuit. »
« Oh, ce n’est pas bien grave, l’auberge n’est plus très loin, vous savez. »
« L’auberge ? Ben ça tombe bien, nous y allons aussi, ma femme et moi. On vous emmène ? »
« Avec plaisir, jeune homme. À mon âge, le plus dur, ce n’est pas de marcher, mais d’avancer. »
Il lui ouvre la porte arrière de la voiture et le vieux Brodi s’y installe.
« Bonsoir, gente dame. Mon nom est Brodi, mais vous pouvez m’appeler le vieux Brodi. C’est comme ça que tout le monde m’appelle. »
« Oh, gente dame ? Vous me flattez, monsieur. »
L’homme s’installe au volant et attache sa ceinture.
« N’est-ce pas comme ça qu’on appelait les jolies dames au Moyen Âge ? »
L’homme se retourne en souriant.
« Mais vous draguez ma femme ?! »
« Pas du tout, jeune homme. C’est un compliment que je vous fais à tous les deux. »
« Mon mari vous taquine, monsieur Brodi. »
« Ne vous en faites pas, je l’avais compris. »
La voiture repart lentement.
« Vous êtes ici en vacances ? »
« Oui, répond la femme, on a réservé une chambre à l’auberge. Nous aimons les endroits pittoresques. »
« Ah, ici vous allez être servis. »
« Vous n’allez pas me dire qu’il y a des monstres ou des sortes de cannibales dans le coin ? »
Elle lui sourit, l’air moqueur.
« Non, rassurez-vous, la justice s’est occupée d’eux. »
Elle perd son sourire.
« Comment ça ? »
« Oh, ça date de quelques années déjà. C’est presque une vieille histoire, vous savez. »
« Racontez-la-nous, le temps d’arriver à l’auberge. » dit l’homme.
« Bon, si vous voulez. Alors, écoutez bien… »