Lorsqu’une femme perd son conjoint, elle devient veuve ; lorsqu’elle perd un parent, elle devient orpheline ; mais lorsqu’elle perd un enfant… Aucun mot pour définir ce qu’elle devient. Aucun mot pour décrire ce qu’est la perte d’un enfant pour une mère. Juste le silence, la peur. La peur d’évoquer l’innommable. La peur de parler, d’ouvrir la brèche.

À travers mon récit de vie, j’essaie de partager les différentes étapes qui nous permettent, à nous, mères endeuillées trop vite, trop tôt, de mener un combat que nous n’avions jamais imaginé mener. J’essaie de partager le fait que malgré les moments de doute, il n’est finalement pas impossible de continuer à respirer… peut-être pas tout de suite, peut-être pas de la même façon…

Extrait de  Respirer sans toi –  Mon plus grand combat  de Barbara Masson

Ton cercueil est déposé dans la cuve. Je me rappelle très bien de son emplacement. Il n’est pas parallèle au bord gauche et cela m’a dérangé. Ça me dérange toujours. Cependant, je n’ai rien dit. C’est notre petit secret. Une minuscule chose que je partage avec toi depuis 10 ans. Certaines personnes me trouvent étrange, voire même folle, de m’attacher à de tels détails. Mais qu’importe. Moi, je sais l’importance de tous ces détails et de toutes ces choses que personne n’a vues, n’a ressenties, n’a imaginées ou ne peut comprendre. Toutes ces choses, tous ces détails qui me permettent de me dire que j’ai prêté attention, que j’ai donné de l’importance à tout ce qui te concerne, que j’ai tout mémorisé, et cela me permet de te garder avec moi.
Je regrette tellement de choses… Alors tout ce que je peux voir, ressentir ou imaginer qui te concerne a de l’importance, oui. Tu as vécu, et ce sont des éléments, des détails qui me rappellent que l’importance d’une vie n’est pas dans sa longévité, mais dans la valeur que nous lui donnons.