Extrait

L’adjectif que j’accole dans le titre à « époque »
Par certains côtés colle à celle que j’évoque,
Placé devant, ce « drôle » ne la rend pas loufoque,
Mais plutôt triste ou folle, en tout cas équivoque.

Certains, bien trop frivoles, à pleines dents la croquent,
D’autres, inquiets, se désolent, les changements les choquent.
Ce monde qui flageole, qu’on épuise et estoque,
S’il tourne de traviole, il se peut qu’il se bloque.

Quand le climat s’affole, le monde entier suffoque,
Les valeurs qui s’étiolent peu à peu se disloquent,
Le fric unique idole pour des gens qui débloquent
Fait perdre la boussole, le sens du réciproque.

Aux démunis l’obole, la faim, le froid, les loques,
Aux vernis le pactole, les diners chez les toques,
La poisse ou bien le bol, deux mondes s’entrechoquent,
Palaces où on rigole, larmes dans des bicoques.

Le respect dégringole, on arnaque, on escroque,
Les agressions s’envolent, on défie, on provoque,
On harcèle à l’école, on insulte, on se moque,
La bave au vitriol tue par ondes de choc.

On s’enferme, on s’isole dans des univers glauques
Et dans nos camisoles, sans l’autre on soliloque,
On croit tout sous contrôle mais tout bat la breloque,
Alors on se console en disant « c’est l’époque ».