C’est comme une longue lettre à ma mère biologique, je lui raconte ma version, mes émotions et mon combat pour m’en sortir.
Une grosse partie de moi est guérie et pour le reste qu’il manque, c’est un combat que chaque jour, je continue d’entreprendre.

Extrait

J’ai gardé en moi, ces moments d’amour et de partage malgré tout ce que j’ai vécue et ça maman, tu n’as jamais réussi à me les enlever. Je me rappelle ma chambre, juste à côté des parents. Je me rappelle la tendresse de ma maman lorsqu’elle venait me border, me donner un câlin et des bisous avant que je m’endorme. Je me rappelle de certains moments de complicité avec mes frères, des jeux que l’on faisait. Je me rappelle des repas que nous prenions tous ensemble, chacun avait son rond de serviette avec son prénom dessus. Ma maman venait tous les jours me chercher à l’école avec un goûter, mon préféré c’était le super yoyo, un gâteau moelleux avec du chocolat au milieu. Cette famille faisait attention à moi, ils m’aidaient aux devoirs, ils m’ont emmené en vacances, je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir été mise de côté. Quel bonheur, maman, ces années-là, j’avais une famille, de l’amour, une place. On m’a permise d’exister, on m’a protégée et respectée. Et puis un jour, tu as décidé de m’enlever cet équilibre. Je me souviens du rendez-vous chez le juge des enfants, je ne comprenais pas pourquoi j’étais là. Il m’a expliqué que tu étais ma mère et que la famille chez qui j’étais ne pouvait pas me garder, c’était leur travail d’accueillir des enfants en attendant que leurs parents soient capables de les reprendre chez eux. Je savais que je ne voulais pas aller avec toi, je voulais rester dans cette famille mais j’étais une enfant et si on m’explique que je dois vivre avec mes parents, alors je dois me convaincre que vivre avec toi, c’est ce que je veux.