Reinhard est un petit garçon des plus banals, sa vie aurait pu être un long fleuve tranquille mais c’était sans compter sur les négligences d’une mère désabusée, d’un père ambitieux, d’un intrus tortionnaire. Arrivé très vite dans sa vie, cet homme n’a fait que de déstabiliser son équilibre déjà précaire, de torturer physiquement et moralement ce petit garçon au point de le mettre complètement sans défense aucune, de bourreau il devient un dieu, de tortionnaire il devient bienfaiteur, de la haine qu’il procure il reçoit de l’amour, une torture psychologique qui a inversé les sensations, l’amour vache, la méchante gentillesse, la douce violence, l’envie de tuer avec des câlins. Ce comportement a été pour lui une défense, un instinct de survie, une simple rencontre sur le tard lui a permis de faire le deuil de tout ce passé si présent. Cette histoire, c’est la mienne.

Extrait

Un soir Hans est en colère contre le mauvais rangement de ma chambre, je ne vois pas de quoi il parle. Ma chambre n’est pas un foutoir, il y a des jouets qui traînent au sol, mon pupitre est ouvert avec mes cahiers de devoirs, mais pour lui cela est inadmissible. Après le repas celui-ci m’informe que je vais dormir à la cave dans la niche d’un des chiens, je me suis mis à sourire, il m’a crié dessus comme dans les films de guerre quand les Allemands élevaient la voix, il me dit : « arrête de te foutre de mon gueule, prend ta couverture et fa à la cafe ». Il me suit, tire Kiki de sa niche et me dit que je vais dormir là tout le temps qu’il faudra pour que je comprenne que je ne dois pas sourire quand il me parle. Le chien a pris ma place dans mon lit et moi je vais squatter sa niche.
Je suis mort de peur dans ce noir, ça sent la vieille poussière, le moisi, il y a des bruits la nuit, comme des bestioles qui rampent, j’ai super froid, je m’emmitoufle dans ma couverture, ça commence à me gratter, je pense tellement que cette niche doit avoir des puces que ça me démange de partout.

Le sommeil est plus fort que tout, je m’endors donc, le lendemain matin je ne mets pas longtemps à me tirer de ce nid de puces et en effet j’en suis recouvert, en tout cas ma couverture. Je crie de peur et cours vite dans l’escalier, il fait noir et je ne vois pas bien où est la porte, je me tape la tête contre et me précipite pour l’ouvrir. Je vais dans la cuisine, Hans y est déjà, je me dis heureusement que nous sommes samedi sinon je loupais l’école, il ne m’a même pas réveillé.
Je ne déjeune pas tout de suite, il me dit d’aller secouer ma couverture dehors, de l’étendre sur le fil à linges et de me doucher avant de manger. Je m’exécute, de toute façon je ne peux pas rester ainsi à sentir le pourri !…